Le phare de Pontusval – son histoire

article rédigé suite aux journées du patrimoine de septembre 2024
et grâce aux recherches de l’office du tourisme de la Côte des Légendes
de Dominique Gaudras, Jacky Angst et Emmanuel  Godechot

Aujourd’hui entre le Phare de l’Ile de Batz à l’est et le Phare de l’île Vierge à l’ouest, la côte septentrionale du Léon n’est aujourd’hui éclairée (excepté par les petits feux de Mogueriec et les deux feux flottants d’Aman Ar Ros et de Lizen) que par le phare de PONTUSVAL.

1903 - le phare de Pontusval

1 / LA GENESE DU PHARE DE PONTUSVAL

Le feu de PONTUSVAL a été allumé plusieurs dizaines d’années  après ceux de l’Ile de Batz (1836) et de l’île Vierge (1845). A l’époque il était admis que ces deux phares devaient suffire pour sécuriser la navigation. 

C’était sans compter avec les brumes épaisses et les violents courants, causes de nombreux naufrages sur les hauts fonds qui se poursuivent en mer au nord de la pointe de Beg Pol – sur la période de 1856 à 1865, plus 10 naufrages ont été recensés, concernant autant les navires de commerce que de pêche.

Amas rocheux de Beg Pol

Cette situation a conduit la Chambre de Commerce de Morlaix à demander au ministère du commerce et de l’agriculture d’ériger « un feu fixe blanc de 4ème ordre sur le cap de BEG POL » en s’appuyant sur le modèle du fanal de l’île Wrac’h. La portée souhaitée de ce feu étant calibrée de 8 à 10 milles.

Projet d’édifice, devis estimatif de construction (12 000 francs), et cahier des charges seront instruits entre le 27 juin et le 30 octobre 1867 puis soumis à décision.

Le projet final est approuvé. La décision de construction du phare de Pontusval est prise par le ministère de tutelle le 20 décembre 1867. Cf les comptes rendus correspondants: ICI.

L’année 1868 verra se régler les formalités et accords relatifs à l’adjudication. L’achat des terrains par l’état (620 F) sera finalisé le 28 août 1868. Cf les adjudications : ICI et ICI.

Après appel d’offre, le marché de la construction du phare est attribué à l’Entreprise MARTIN de Landerneau. Le projet sera mené rondement et l’édifice sera achevé le 10 juin 1869.

Selon les termes d’un article publié dans le Courrier/Progrès du 16/01/1893, « le Phare de PONTUSVAL, comme le Phare de l’Ile de BATZ fournit un bon exemple de construction avec des matériaux d’origine locale de qualité : granite de BRIGNOGAN ».

1866 - projet de construction d'un feu à Parc Neiz Vran (pointe de Beg Pol)

2 / LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE L’EDIFICE

Le projet est dessiné par Armand Rousseau, ingénieur aux affaires maritimes de Brest (son père Louis Rousseau a fait construire la digue de Goulven en 1823) – il reprend le modèle de la maison-phare telle qu’on peut également trouver à Belle Ile (phare des Poulains 1868) ou à l’île Wrac’h (à l’entrée de l’aber Wrac’h – 1845) ou dans le raz de Sein – (Phare de Thevennec 1875). Cf plans signés de A Rousseau : ICI.

 

Les plans proposés reprennent le schéma classique d’une maison-phare :

– une tour carrée de 14, 50 mètres de haut, surmontée de sa lanterne et flanquée d’un petit corps de logis coiffé d’une toiture d’ardoises ;

– Le terre-plein du phare, protégé de la mer par un muret, reçoit quelques dépendances : une citerne des eaux pluviales, un cabinet d’aisances et une remise.

 

Dans la partie logis, un rez-de-chaussée composé d’un vestibule, de deux magasins et d’une « chambre à feu » à l’usage du gardien.

Le premier étage formant un grenier est desservi par l’escalier de 54 marches qui mène à la lanterne.

Posé sur son rocher à 5,65 mètres au-dessus des hautes mers d’équinoxe et exécuté en moellons piqués, le fanal se distingue mal en journée des hauts rochers de même teinte qui l’environnent. 

De ce fait et afin d’en améliorer la visibilité depuis le large, sa tour sera blanchie à la chaux en 1923.

3 / MISE EN SERVICE et FONCTIONNEMENT

Le feu de PONTUSVAL est mis en service le 5 septembre 1869. Il est d’abord alimenté à l’huile végétale puis aux vapeurs de pétrole. Une nouvelle optique est installée en 1948.

Le Feu de PONTUSVAL est électrifié en 1951 : il devient un feu à 3 occultations toutes les 12 secondes – avec 2 secteurs : blanc et rouge. Cf le rapport d’électrification ICI

En 2003, son fonctionnement est totalement automatisé : il est depuis piloté et surveillé depuis le phare du Creac’h à Ouessant. 2003 marque donc la fin de la présence d’un gardien dans ce phare historique.

Phare de Pontusval - la Lentille

Plusieurs gardiens de phare se sont succédés jusqu’à l’automatisation de 2003. 

La dernière gardienne est Marie Paule LE GUEN. Une femme gardienne de phare, c’était assez rare. Marie-Paule LE GUEN a pris ses fonctions en 1968. Elle sera la dernière personne à allumer le phare manuellement, en 2003.

 

« Gardien ou gardienne de phare était un métier qui demandait de bonnes conditions physiques et psychologiques. Monter les 50 marches, même malade, même enceinte de 9 mois. Nettoyer l’optique, tirer les rideaux le jour pour protéger l’ampoule, les ouvrir le soir lors de l’allumage. Et recommencer, chaque matin, chaque soir. Vérifier que les câbles tiennent le choc pendant les tempêtes, alerter les secours en bateau cas difficulté … » 

Marie-Paule, décédée en novembre 2023, avait obtenu de l’Administration le droit de continuer à vivre dans la maison du phare.

Petit mémo sur les phares (source : E Godechot)

Les phares maritimes sont des structures côtières ou insulaires destinées à guider les navires et à assurer leur sécurité en mer.
Les phares sont équipés de lentilles de Fresnel et étaient auparavant alimentés par des feux à huile ou à gaz … ils fonctionnent désormais à l’électricité et sont souvent automatisés, sans gardien sur place.

Les signaux lumineux émis par les phares permettent aux marins d’identifier chaque phare : selon la couleur, le rythme des éclats et la durée de chaque cycle :

Couleurs de la lumière :

Blanche: La plus courante, utilisée pour signaler les passages navigables ou sécurisés.

Rouge : Signale généralement un danger (rochers, bancs de sable, etc.). Le phare de Pontusval est blanc avec un secteur rouge.

Verte : Indique parfois des zones spécifiques, mais est plus rare en France.

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Types de rythmes lumineux :

– Éclat simple : Un éclat de lumière suivi d’une période d’obscurité. Ex. 1 éclat toutes les 10 secondes.

-Éclat groupé : Un groupe de plusieurs éclats suivis d’une période d’obscurité. Ex. 3 éclats rapprochés toutes les 15 secondes.

– Feux fixes : Lumière continue sans interruption.

– Feux à occultations: Lumière qui reste allumée avec des périodes d’extinction plus courtes. Ex. lumière allumée 5 secondes, éteinte 2 secondes. Cf. ci contre pour le phare de Pontusval.

– Feux à scintillements : Un scintillement rapide.

– Feux isophases : Le temps de lumière est égal au temps d’obscurité.

 


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Sur les carte marines, le phare de Pontusval est marqué : 

Oc (3)WR 12s 

Cela signifie : feu à occultation Oc – avec 3 occultations (3) – en lumière blanche( White) – avec un secteur rouge (Red ) – et une période de 12secondes.

4 / STATUT DU PHARE DE PONTUSVAL

Propriété : Etat français

Affectation : Ministère chargé de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement

Gestion : Direction Interrégionale de la mer Nord Atlantique – Manche Ouest chargée de la Division des Phares & Balises à qui est confiée l’entretien des édifices d’aide à la navigation.

Coordonnées GPS : N 48°41’40.58’’ O 4°20’47.32’’

Protection : L’édifice est classé Monument Historique le 23/05/2011

Nota : à noter que la gestion de l’édifice serait désormais attribuée au comité d’entreprise du ministère – cf. conseil municipal du 30 mai 2024.

 

5/ Annexes

Pour en savoir plus :

Commentaire élaboré par l’office du tourisme en sept 2024 : ICI

Article Chauris paru dans le BIM en 1995 : ICI

Article Chauris paru dans le bulletin 67 de l’association EPK en 2005 : ICI

Cartes postales

Le phare de Pontusval a toujours été beaucoup photographié. Voici quelques anciennes cartes postales (source Jacky Angst) :

 

Pontusval